LA GUERRE DE 14 - 18


Le 1er août, au début de l' après-midi les cloches sonnèrent à toute volée
            - Un baptême à cette heure-ci ?
auxquelles d' autres cloches répondirent quelques instants après :
            - Un baptême aussi à Trévé ?
Non, la guerre est déclarée ! Les gendarmes, en effet, avaient placardé dans le bourg l' ordre de mobilisation générale, chapeauté par deux drapeaux tricolores.

Surpris dans les champs, par la sonnerie des cloches, les hommes, intrigués, venaient aux nouvelles.

Les réservistes partirent avec des provisions et des médailles embrassant leur femme sur le quai de la gare d'Uzel qui n' avait jamais vu tant de monde.
Au revoir ? Peut-être.. Personne ne savait.
A la grâce de Dieu !

Bien que le trafic ait été réservé aux militaires, deux trains de mobilisés se télescopèrent aux environs de Cherbourg.
Dans cet accident fut tué l' instituteur SERANDOUR, première victime de le guerre à Grâce. Et il y en eut 36.

Les chevaux furent réquisitionnés, non les boeufs qui n' intéressaient pas l' Armée.
Seuls restaient, pour travailler la terre et soigner le bétail, les vieux, les femmes et les adolescents qui courageusement se mirent à la besogne.

La mobilisation terminée, ce fut au tour des parisiens d' origine bretonne, fuyant la menace allemande, de revenir au pays, exténués par un voyage qui durait 4 jours dans des trains surchargés, fréquemment mis sur une voie de garage, pour laisser passer, en priorité absolue, les convois de troupe, de matériel, d' approvisionnement.

De la Belgique vinrent des enfants dont certains furent hébergés plusieurs mois à grâce.

Les journaux n' étant plus acheminés, par suite du trafic ferroviaire, au début complètement paralysé, personne n' avait de nouvelles. L'Ouest-Eclair fréta une auto, qui, venant de Rennes, passait sans s' arrêter dans un nuage de poussière, à la maisonnette des Petites-Fontaines, où, le conducteur jetait, par dessus bord, le paquet destiné au perruquier (coiffeur) de Grâce, et, en même temps dépositaire des journaux.
Précieux paquet, rapporté quotidiennement au bourg où attendaient avec impatience les personnes les plus avides de nouvelles. Au début des hostilités, un laissez passer était nécessaire pour quitter la commune.

"Il n'aura plus d' autre guerre. C'est la dernière" disaient les combattants en revenant chez eux. Vingt ans suffiront à leurs fils pour montrer qu 'ils se trompaient.