LE CHANVRE


Le chanvre, une fois récolté, était battu au fléau, roui, broyé, teillé et peigné.

Le "rouissage" consistait à faire macérer dans l'eau des ruisseaux, pendant 2 ou 3 semaines, les tiges liées en bottes, afin de dissoudre la gomme soudant entre elles les fibres.

Séché sur l'herbe, il était broyé à la main et le "teillage" en séparait les éléments divers.

La substance filamenteuse restante, précise dans sa thèse (1) l'Abbé Houée, "est réunie en "frottées de l kilo qui sont pilées à la "mailloche" sur une bonne souche de bois dur, afin d'assouplir la fibre. Ce travail se fait à la veillée pendant les longues soirées d'hiver qui réunissent tout le village pour les "pileries" et les "pesseleries". La fibre est en effet assouplie davantage en la soumettant au travail du "pesset", sorte de rondin incliné sur lequel on la frotte. Chaque poignée pesselée est peignée à la "bresse" planchette couverte de clous.

L'ensemble de ces opérations qui étaient à peu près les mêmes pour le lin, donnait finalement la filasse (le rebut étant l'étoupe aussi utilisée, mais pas à Grâce, pour faire des étoffes grossières) laquelle était filée, soit à la quenouille soit au rouet, par les nombreuses filandières que comptait le bourg de Grâce.

A certaines maisons étaient annexées des "filanderies" puisque, dans un vieil acte notarié on retrouve cette phrase :

"un appartement couvert en ardoises dit la tisserie, composé de deux embas, l'un servant autrefois d'étable et l'autre de filanderie".