LA MERE ET L' ENFANT



La future mère ne cessait de travailler qu'aux qu'aux premières douleurs. Elle accouchait sans l'assistance d'un médecin ni d'une sage-femme, avec l' aide d'une matrone du voisinage.

L'enfant était baptisé, au plus tard, le lendemain de sa naissance car, non lavé du péché originel, il n'aurait pu en cas de malheur, être assis à la droite de Dieu.

Les parents n'avaient pas à rechercher le parrain et la marraine qui, c' était bien difficile de refuser, se proposant plusieurs mois à l'avance, imposaient le prénom de l'enfant, tant pis s'il ne plaisait pas.

Une femme qui venait d'accoucher, considérée comme impure, n'avait pas le droit d'entrer dans l'église avant la cérémonie suivante , dites des "relevailles". La femme accompagnée d'une parente était reçue, un cierge à la main, par le prêtre qui récitait une prière d'admission.

Un cerceau recouvert d' une tulle écartait les mouche de l'enfant couché dans son "bée" (berceau). La nuit, celui-ci était placé sur le banc du lit clos. Pour éviter les accidents, on utilisait la "charrette", appareil à 4 roues dans lequel l'enfant pouvait se déplacer à sa guise. pendant plusieurs années, les garçons portaient une robe comme les filles.

 

Quand un bébé avait des difficultés à marcher, sa mère le menait s'exercer sur la pierre tombale de l'Abbé Hello, ancien recteur de Grâce (de 1825 à 1839) qui avait la réputation de taire des miracles. Exaucée, elle pendait un cierge à un des clous fixés à une planche attachée au mur de l'église et protégée par un auvent.

 

Le feu intéressant beaucoup les enfants, les plus grands, avec un bois enflammé, pris dans l'âtre, dessinaient en l'air, des ronds, des huit, des spirales, des rubans lumineux de toutes sortes.

On leur racontait que les étincelles, étoiles filantes montant dans la cheminée à  travers la fumée, n'étaient que d'innombrables travailleuses courant à la filanderie, vite, vite, vite

La mère jouait aussi avec les petites mains et, tenant le pouce de l'enfant entre ses doigts, chantonnait (le premier vers sur le pouce, le deuxième sur l'index etc. )

 

Stui-ci la vit

Stui-ci l'attrapit

Stui-ci la plumit

Stui-ci la mangit

Et ce petit nigoussin

N'a eu rin, rin, rin, rin, rin.

 

Plus âgés, les enfants gardaient les vaches, s'amusant à "tribouletter" (triboulet = galipette) dans l'herbe, ou à taillader l'écorce d'une badine, ou, grimpés sur le talus, à siffler, deux doigts dans la bouche, les autres petits pâtours des prés

voisins ou bien encore, au printemps, à monter aux arbres pour voler les oeufs dans les nids.

 

Mais l'école aussi les attendait.