LA PILERIE DE CIDRE

 

Si le terme de pilerie,  s'appliquait aussi bien au tassement de la terre, pour faire le sol des maisons, qu'à l'assouplissement des fibres de chanvre, il était utilisé, aussi, pour la fabrication du cidre.

 

Comme le vigneron qui, pieds nus, foulait son raisin dans une cuve, le Breton, avant l'invention du moulin à rouleaux, devait sans doute, écraser, sous ses pieds, les pommes destinées au pressoir, d'ou le nom de pilerie.

 

De nombreux vergers existaient à Grâce Grâce,. On « hégeait » parfois les pommes pour les faire tomber, mais il suffisait de se courber pour les ramasser dans des "ruches", lorsqu'elles formaient un tapis rond autour des troncs. Pour mûrir encore elles attendaient, en grand tas oblong, que l'heure fut venue de les moudre.

 

Les meilleurs espèces, qu'il convenait de mélanger, suivant un certain dosage, s'appelaient  : Gaza,  Doux-Jean, Doux-Fréquin.

 

Un moulin tourné par deux hommes  broyait les pommes, tandis qu'un troisième remplissait la trémie. Un autre, à l'aide d'une pelle, transportait les pommes écrasées jusqu'au pressoir ou un compère debout les étalait, autour de la vis verticale en couches superposées, au carré, séparées d'une couche de paille de seigle d'environ 20 centimètres, appelées " cordons ", de plus en plus petites de façon à former une pyramide. A  peine le plateau de bois était il mis sur le faîte que le jus coulait par la rigole du pressoir dans une cuve en contre bas.

 

Une grande barre de bois permettait de donner des tour de vis sur la motte afin de la presser de plus en plus.

 

Mis en barrique, le cidre (prononcer "cid"), devant d'abord, "bouillir", c'est à dire subir la fermentation, n'est bon à consommer qu'un mois ou deux après sa fabrication. On le tirait à la clé, dans un pichet, mais juste avant de le boire car il noircit à l'air. Au bout d'un certain il devient aigre ou "dur" mais on l'aime ainsi.

 

Le "pouma", constitué  par la motte résiduelle, était, soit donné aux vaches (mais on prétendait qu'il 1es faisait maigrir) soit, après avoir été séché mis dans l'âtre où, se consumant lentement, il "tenait le feu".